Nous souhaitons vivre dans une ville solidaire, écologique et démocratique ! 


Début septembre, Christophe Counil a donné un entretien au Maine Libre. L’article donne à voir une stratégie politique et une manière d’appréhender l’aménagement de la ville avec lesquelles nous sommes en désaccords. Trois points posent clairement problème.


D’abord, la question de l’attractivité. La municipalité veut attirer les Parisiens. Une campagne de pub a déjà été lancée par le passé : https://paris-jetequitte.com/ville-le-mans/. Cette fois, C. Counil nous apprend que le projet de la mairie est de carrément leur  dédier un quartier à proximité de l’île aux Planches.
Évidement, faire du Mans, une ville accueillante et ouverte sur l’extérieur est un bon objectif. Mais là, la municipalité saute les pieds joints dans l’organisation d’une gentrification. Ce processus, on le sait depuis longtemps ne crée pas de mixité sociale mais transforme des pans entiers d’une ville en zone d’exclusion populaire (voir les travaux d’Anne Clerval https://www.youtube.com/watch?v=Yn_dSf8gnwM&feature=emb_title).
 Non seulement, ce quartier vitrine aura un coût financier, pire il pèsera socialement sur l’ensemble de la rive droite. Le prix de l’immobilier augmentera et les classes populaires devront partir ailleurs, plus loin. Nous ne voulons pas que Le Mans deviennent une terre d’investissement et de spéculation foncière à moins d’une heure de la capitale.
 
Deuxième problème, l’idée générale de l’interview, exprimée dans le titre : « Arrêter la campagne à la ville et la ville à la campagne ». Cette conception d’un monde divisé en deux parties hermétiques, l’urbain d’un côté et le rural de l’autre est non seulement dépassée mais surtout elle est complément fausse. La réalité est que de nombreux habitants du Mans, logent en périphérie. La ville est déjà en campagne. Dans ce contexte, l’enjeu majeur pour Le Mans est de repenser les mobilités intra-muros en prenant en compte ces habitants. Bien sûr, nous nous réjouissons de la volonté de M. Counil de mettre un terme à l’artificialisation de terres en périphérie. Dont acte (et à la condition que cela suivi d'effet, comme cela ne semble déjà pas être le cas quand il s'agit de Béner ou de la ZAC de la Pointe 2 à Sargé). Par ailleurs, ne pas vouloir introduire les atouts de la campagne dans la ville est une faute politique grave. Les dents creuses, les friches et les espaces vacants doivent être investis par l’agriculture, les bois mais aussi des lieux collectifs non marchands. Bref, l’urgence (climatique, social, sanitaire) devrait selon nous être à la dé-densification (voir les travaux de Fabrice Faburel : https://www.youtube.com/watch?v=5uT9w532OFA). Combien d’occasions déjà ratées ? Le stade Léon Bollée aurait tellement pu se transformer en ferme urbaine. Les immeubles avenue Jean Jaurès auraient tellement pu devenir une forêt urbaine. Les parkings laissés à l’abandon pourraient devenir des jardins partagés. Une simple végétalisation nous apparaît comme du marketing territorial, un Green washing électoral. Pour mieux vivre, pour que nos quartiers soient définitivement des lieux de vie durable, il faut y introduire de véritables espaces productifs et naturels, qui résistent aux chaleurs et qui accueillent une belle biodiversité sauvage et cultivée.


Dernier problème : la question démocratique.C. Counil fait le vœu pieu du changement de méthode. La majorité autour de S. Le Foll est au pouvoir depuis près de vingt ans. Et ça fait longtemps que des décisions en matière d’aménagement posent un problème démocratique (MMArena, Béner, minéralisation des Jacobins et de la République). A chaque fois, on fait appel à un cabinet d’experts. Pourtant, la base de la démocratie pour construire des solutions est d’impliquer d’abord et avant tout les acteurs de terrain : les habitant.e.s. Se draper dans la légitimité des urnes, ne suffit plus. Les citoyennes et les citoyens veulent non pas être rencontré.e.s pour discuter mais clairement souhaitent choisir. A quand, de véritables conseils de quartiers décisionnaires ? A quand des budgets, non pas participatifs, mais démocratiques à l’échelle des quartiers ? Nous sommes les habitants, nous sommes capables de choisir les solutions pour construire notre vivre ensemble.


Vincent : désolé je n'arrive pas à insérer de commentaire. Je suis sur mon téléphone. Dans les dernières phrases ("les citoyennes et citoyens.../... choisir") le passage de la 3ème personne pluriel à la 1ère personne fait bizarre