RECHERCHE-ACTION PARTICIPATIVE :
Ecocitoyenneté et éducation par le « dehors »
Elaboration collective d’un outil d’autoévaluation/un outil réflexif/… pour des pratiques éducatives dans la nature qui développent l’écocitoyenneté

Question de départ
Le secteur de l’Éducation relative à l’Environnement considère qu’un contact régulier et intime avec le milieu est une nécessité pour susciter l’envie ou l’intérêt de le protéger et de s’y engager. Au sein des écoles du dehors et de la littérature interne au secteur de l’éducation à l’environnement, s’entend majoritairement l’idée que l’objectif principal des animateur·rices doit être de « reconnecter les enfants à la nature et de développer leur identité écologique par l’immersion en nature » (Benzid, p.26).
Nous sommes convaincus que cette relation à la nature est en effet essentielle pour viser l’horizon de l’écocitoyenneté. Cependant cette affirmation devrait être complétée pour deux raisons au moins :
1) La formulation de « créer/renforcer le lien avec la nature », « avec le milieu » ouvre tout une série de questions. Citons-en trois :
• Est-ce que ça marche avec tout milieu, toute nature (nature en ville, petits espaces, etc.) ? De quelle nature parle-t-on ? Nature comme ressource ou comme support à la vie des humains ? Cela a-t-il de l’importance ?
• Quel type de lien à la nature est souhaité ? Affectif, cognitif, protecteur… Un peu de tout ? C’est quoi se relier ? Comment mesure-t-on qu’on est connecté ? Par les paroles, l’attitude ? (Exemple d’un entretien : animatrice qui valorise le fait que l’enfant fait sien un élément de la nature : « puisqu’ils avaient écouté les oiseaux c’était peut-être un peu plus devenu leurs oiseaux » (…) « Quand on va dire ‘on va mesurer un arbre’, [c’est en fait] plus motivant [pour l’enfant] de mesurer « son arbre »).
• Pour que ça marche, quel est ce sujet (enfant/adulte) qui se relie avec l’environnement ? Tout type de sujet ou un citoyen qui se pense déjà dans sa relation à lui-même et qui se sent faire partie d’une société, d’un monde partagé ? Est-ce qu’un citoyen qui se conçoit comme individu séparé, autonome et comme consommateur du monde va devenir un écocitoyen parce qu’il se relie à la nature ? La nature peut-elle transformer par son seul contact notre conception de nous-même, notre rapport au social ?
Le dehors est bénéfique pour plein d’aspects notamment en termes de développement de l’enfant, d’appropriation de certains savoirs formel, etc. Cependant, nous formulons l’hypothèse qu’aller dans la nature ne suffit pas quand il s’agit de viser, par les activités dans la nature, une écocitoyenneté au sens d’identité socio-environnementale. Le dehors ne suffit pas quand, à la critique du manque de nature, se rajoute une critique sociale (inégalités, dominations) et philosophique (rapport homme nature, communs).

Cette hypothèse s’enracine dans un des postulats sur lequel se construit Ecotopie : Les postures/pratiques pédagogiques utilisées dans nos activités éducatives sont porteuses de relations au monde, à la société et à la nature particulières. Elle porte aussi la marque de l’objectif de transformation écosociale auquel tient notre association.

La recherche vise donc à répondre à la question :

Pour les acteurs de l’ErE (Education relative à l’environnement) en Belgique francophone, à quelles conditions (méthode, posture, lieu, fréquence, …) des animations dans la nature avec un groupe d’enfant entre 6 et 12 ans participent-elles au développement de l’écocitoyenneté ?

Le concept d’écocitoyenneté comporte de nombreuses définitions et il sera circonscrit et décliné en indicateurs par le travail du groupe de travail. Il est cependant important de souligner que pour notre association, trois dimensions de l’écocitoyenneté sont particulièrement visées par cette recherche : le type de rapport au collectif, le type de rapport à la nature et le potentiel émancipatoire.

La recherche prendra en compte tout type de réponses à cette question et se penchera aussi sur des éléments qui dépassent le cadre de l’animation (institutions politique, structure scolaire, vision de la nature propagée par les médias, décrets associatifs…). La recherche contient cependant un volet concret en se donnant l’objectif de créer avec les animateur·rices un outil d’autoévaluation et de réflexivité pédagogique. Un focus sera donc fait sur les éléments sur lesquels l’animateur·rice peut peser.

A côté de cette question centrale, seront analysés tant que possible par la chercheuse d’Ecotopie les types de rapport à la nature et les types de rapport au collectif (coopération, prise de décision, règles, …) qui sont véhiculées et se construisent au travers des actions éducatives menées dans la nature, par des acteurs de l’ErE .

La recherche est centrée sur les animateur·rices cependant elle sera réalisée avec l’attention à pouvoir élargir/adapter ses résultats à un public plus large notamment les enseignant·es qui enseignent dehors...