Charte Médias


Un engouement médiatique inattendu
Lorsque nous avons reçu en fin d'année 2020 la sollicitation d'un journaliste pour nous rencontrer et écrire un article sur l'équipe, nous nous sommes collectivement intérogé-es avant d'accepter. Malgré certaines réserves sur le média, nous y avons vu une opportunité à deux titres :
rendre visible notre initiative pour que d'autres femmes ou personnes transgenres intéressées par la pratique du football puissent rejoindre l'équipe et/ou se sentent légitimes à pratiquer,
remercier l'AS Toulouse Mirail pour son accueil, ainsi que participer à valoriser l'image du club et du quartier.
Nous avons vécu la publication de ce premier article début 2021 de manière mitigée. Nous étions évidemment heureux/ses de participer à casser des clichés, et de démontrer à notre petite échelle l'expression de l'inclusivité et du vivre ensemble dans notre pratique sportive. Toutefois, nous avons aussi été géné-es par la stigmatisation de membres de notre collectif1 alors que l'une de nos valeurs centrales est au contraire l'inclusivité.
Le buzz qui a suivi (et que nous n'avions pas du tout anticipé !), avec des articles, reportages radio ou vidéo, par plus d'une dizaine de médias locaux et nationaux, n'a pas manqué de renforcer cette dichotomie. Les innombrables approximations de langage, l'emploi d'un vocabulaire stigmatisant et pathologisant par les journalistes, ou encore la publication de photos de joueuses qui avaient expressément demandé à ne pas apparaître, ont ainsi été la source de nouvelles oppressions pour les personnes concernées. Il nous semble important de prendre en compte l'impact et les conséquences (personnelles/professionnelles) qu'un article de presse peut avoir sur des personnes. Il existe bien une responsabilité derrière un discours médiatique et public, qui plus est « non retouchable », diffusable rapidement et à grande échelle.
Par ailleurs, la présence de journalistes, micros et/ou caméras, a parfois mis à mal notre dynamique d'entraînement et de groupe (interviews de joueur/ses ou de la coach pendant l'entrainement, mise à l'écart des personnes qui ne souhaitaient pas être filmées ou photographiées, venue au dernier moment sans prévenir, etc.). Ces méthodes ont démontré un certain rapport hiérarchique, de pouvoir, de pression et de « disponibilité » de l'équipe et ses minorités envers les médias.

Le besoin de poser un cadre sécurisant pour tou-tes
A ce titre, nous avons décidé de prendre le temps d'une réflexion autour de la médiatisation de l'équipe avant d'accepter de nouvelles sollicitations. Les règles qui en ont découlé, et qui pourront être complétées, sont les suivantes :
1. Demandes d'interview, incluant une présentation de la démarche, au moins 10 jours avant pour permettre à la commission médias de solliciter l'accord de l'équipe, sur la base d'une prise de décision par consentement2 ;
2. Lecture attentive du document « Présentation de l'équipe », systématiquement transmis par la commission médias lors d'une demande d'interview, pour comprendre notre démarche ;
3. Absence d'interview sur le créneau d'entrainement (possibilités avant/après, à définir avec la commission média au moment de la validation de la demande d'interview) ;
4. Respect du droit à l'image des joueur/ses (interdiction formelle de filmer/photographier et rendre les images publiques sans accord préalable des personnes concernées) ;
5. Signature du présent document, incluant la charte d'éthique des médias contre la transphobie, et engagement à s'y conformer.


Charte d’éthique des médias contre la transphobie
Une grande partie des médias français contribuent à véhiculer des propos et attitudes transphobes en n'employant pas les bons termes pour parler de la transidentité. Ils encouragent ainsi la perpétuation de cette transphobie ordinaire, ce qui peut se traduire par le harcèlement et l’exclusion des personnes transgenres. A travers la signature de cette charte, nous encourageons les médias à reconnaître leur responsabilité dans la lutte contre la transphobie, à s’éduquer sur la transidentité pour changer le traitement médiatique sur les personnes transgenres et adopter une couverture juste et respectueuse. L’objectif de cette charte est de garantir le droit de l’ensemble du public à une information de qualité, libre, indépendante et pluraliste.

Définitions
Transidentités : Ce terme permet de mettre l’accent sur l’identité sociale plutôt que sur la sexualité. On l’utilise en général au pluriel pour souligner la diversité des identités et des parcours. Le genre d’une personne ne se détermine pas selon une apparence sexuée. Le sexe est une partie anatomique du corps, tandis que le genre est une expression sociale codifiée selon des normes sociétales et culturelles.
Personne transgenre : personne qui ne se reconnait pas dans l'identité de genre donnée/assignée à sa naissance. Cela englobe toute personne ayant fait ou souhaitant faire le choix d’une transition, qu’elle choisisse ou non d’avoir recours à des démarches administratives (changement de prénom, de genre à l'état civil) et/ou des traitements médicaux et/ou des chirurgies dans cet objectif.
→ Homme ou garçon transgenre : Personne assignée femme à la naissance et pour l’état civil au genre féminin, qui transitionne vers un genre masculin et/ou fluide.
→ Femme ou fille transgenre : Personne assignée homme à la naissance et pour l’état civil au genre masculin, qui transitionne vers un genre féminin et/ou fluide.
→ Personne transgenre non binaire : Personnes qui ne se reconnait pas dans la définition binaire des genres.
Personne cisgenre : Personne qui se reconnait dans l’identité de genre qui lui a été donnée/assignée à la naissance.
La question des pronoms : On parle d’une personne trans en utilisant les accords et les pronoms en adéquation avec l’identité qu’elle revendique, peu importe ses choix de transition. Exemple : pour une femme trans on dira généralement « elle », et pour un homme trans « il ». Certaines personnes utilisent d'autres pronoms comme des pronoms neutres ex : "iel".

Le respect de la personne et de son consentement, ce qui implique :
Ne pas présumer que la personne est cisgenre ;
Ne faire aucune différence entre une personne cisgenre et une personne transgenre ;
Ne pas divulguer la transidentité de la personne sans son consentement ;
Utiliser le prénom d’usage de la personne transgenre ;
Respecter le choix d’une personne transgenre de ne pas parler de certains aspects de sa transidentité.

L’emploi de termes respectueux, ce qui implique :
Ne pas utiliser les anciens pronoms de la personne, respecter ses pronoms actuels ;
Avoir un vocabulaire adapté et précis ;
Ne pas poser de questions qui lieraient orientation sexuelle et identité de genre ;
Ne pas restreindre la transidentité à “homme ou femme trans” ;
En cas de doute, faire appel à des personnes trans ou à des associations pour éviter les erreurs.


Je soussigné(e) :
Travaillant pour le média :

Déclare adhérer à la présente charte, et m'engage respecter l'ensemble des règles susmentionnées

Fait à :
Le :
Signature (précédée de la mention « lu et approuvé ») :