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Les dynamiques de groupe



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On oublie parfois qu'il y a des étapes importantes à consolider avant de travailler sur un projet commun et tout au long de la vie du collectif, surtout si celui-ci a vocation à être pérenne dans la durée.

Voici quelques questions à se poser pour vérifier que les bases de votre collectif / votre équipe/ votre réseau sont posées :

- L'Interconnaissance : les personnes impliquées dans le groupe/l'équipe/la structure se connaissent'elles ? Y a-t'il un endroit où les personnes (et non les structures) faisant partie du groupe sont identifiées ? Peuvent'elles se contacter ? Leur rôle est'il précisé ? La création de liens entre ces personnes est'elle favorisée ?
Idées: Mettre en place un trombinoscope et ritualiser des moments conviviaux réguliers.

- La raison d'être partagée : l'utilité du groupe et donc les besoins auxquels il répond sont'ils partagés ?
Idées : clarifier et questionner régulièrement la raison d'être, valider un socle de valeurs communs.

- L'attention à chacun.e : les attentes et besoins personnels de chacun sont’ils pris en compte ? Le groupe apporte t'il à tou.tes un retour jugé satisfaisant par rapport à l'investissement personnel (monté en compétences, sentiment d'utilité, rencontres, réseau, gain de temps par ailleurs etc.)
Idées : mettre en place des accords de groupe, ritualiser des moments pour expliciter et partager les besoins individuels, créer un lieu et/ou des moments d'échange de bonnes pratiques, de bons plans, d'entraide.

Ces 3 piliers que sont l'interconnaissance, la raison d'être partagée et l'attention à chacun.e par l'entraide et la réponse aux besoins individuels vont faciliter l'implication ainsi que la mise en place et l'animation du projet commun en lui-même.


C'est seulement ensuite que vient la phase du projet commun. Cette phase est la plus complexe car c'est ici que se joue :

- le choix et la priorisation des missions et des actions : quelles sont nos missions ? quelles actions souhaitons-nous mettre en oeuvre ? quel est le contexte ? à quelle finalité allons-nous réponde ?
Idée : partager une vision collective de l'environnement interne et externe du projet (ex: tous dans le même bateau) partir des valeurs pour en définir les missions et les actions à mener (ex: mandala stratégique), prioriser les actions selon leur efficience (ex: matrice impact/effort)
- la gouvernance et le mode d'animation du projet : qui fait quoi ? qui décide de quoi ? jusqu'où souhaite t'on aller dans la coopération et l'agilité versus la planification et la répartition des tâches ?
Idée : avoir une connaissance et une compréhension collective des modes collaboratifs versus coopératifs, s'inspirer des méthodes agiles, valider collectivement et rendre visible le mode de fonctionnement, définir collectivement les niveaux de prises de décision.
- la définition des moyens,des méthodes et des outils : quel fonctionnement et quels outils mettre en place ? Comment les utilise t'on ?
Idée : Partir des usages et prioriser les besoins pour choisir ses outils numériques collaboratifs, commencer simple, expérimenter et faire évoluer, rendre plus ses réunion participatives, se former à l'animation de projets collectifs (Animacoop, Instant Z, UDN, Fertîles etc. )
- les moyens d'évaluation et d'évolution du projet: quand et comment évaluons-nous et faisons-nous évoluer nos actions et nos pratiques ? Quand célébrons nous et comment ?
Idée : ritualiser des temps de bilans et de célébration (ex: méthode des 3C, l'étoile du changement, feedback nourrisants)

Après la mise en œuvre du projet collectif, vos productions et vos réflexions, votre gouvernance et votre organisation, vos apprentissages et vos expériences peuvent certainement bénéficier à d'autres !

C'est la phase du rayonnement
Vous avez pu (ou auriez aimé) vous inspirer, utiliser et modifier des ressources et expériences existantes pour votre projet ? Vous pouvez maintenant contribuer à un savoir commun en rendant visible et utilisable/partageable/modifiable vos ressources. Car même si elles ne sont pas parfaites et même si elles vous semblent trop adaptées à votre contexte et votre groupe, vous n’êtes certainement pas les seuls à avoir travailler sur ces problématiques.
Idée : Pour que toute l'énergie mise dans votre projet soit utile et profitable au plus grand nombre et dans le temps, vous pouvez par exemple faciliter la compostabilité de votre projet et donc son appropriation, mettre vos productions sous licence créative commons, rendre visible vos process et ressources via votre gare centrale wiki ou au sein des réseaux auxquels votre groupe appartient ;)
Ces étapes ne sont pas linéaires mais doivent être vu comme une boucle, pour régulierement requestionner et prendre soin de chacune de ces phases. L'interconnaissance et le soin a chacun.e étant particulièrement transversales tout au long de la vie du groupe.


Un groupe évolue suivant différents niveau de maturité.

Le groupe enfant
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A la naissance d'un projet, le groupe est rarement assez mature pour s'auto-organiser.
Lorsque le groupe est enfant, L'animateurice, qui est souvent à l'origine du projet, prend les initiatives et assume une posture directive, plus apparentée à de la coordination qu'à de l'animation, appelé également "posture de dictateurice bienveillante".
Cette posture directive permet, quand le contexte la justifie, de rassurer les membres du groupe, de limiter leur responsabilité à un stade où ils ont besoin de découvrir et de comprendre le projet et le groupe, de trouver leurs marques, de vérifier leur intérêt et leur envie de s'impliquer. Cela tout en permettant de commencer à participer au projet, mais en étant "tenu par la main".

Dans cette phase, le cri typique de l'animateur-ice est : "C'est moi qui fait tout !"

Les objectifs de l'animateurice d'un groupe "enfant":
Tout l'enjeu de l'animateurice est de faciliter l'évolution du groupe pour ne pas garder cette place centrale. Car cette posture, si elle est maintenu trop longtemps, peu fragiliser le groupe : dépendance à une seule personne, effet entonnoir si celle-ci est sursollicité pour la moindre information ou décision, perte de pertinence et créativité, risque de désimplication...
Elle est également risqué pour l'animateurice : sentiment d'être indispensable, surmenage, responsabilités non partagée...
La mise en place d'une gare centrale facilitant la documentation, la transparence et la communication interne, la co-construction d'un cadre de fonctionnement, mais aussi le fait de faire des propositions de moins en moins précises et de laisser des zones de floues et d'imperfections participent entre autre à faciliter l'autonomisation du groupe.

Le groupe adolescent
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Au bout de 18 mois à deux ans (parfois plus pour des groupes "Tanguy" qui restent très longtemps dans le giron de l'animateur-ice), le groupe devient adolescent.
C'est une très bonne nouvelle car cela veut dire qu'une partie des membre se sont appropriés le projet, qu'ils ont envie de prendre des initiatives et de participer aux décisions.
En revanche, il y a de fortes chances que leurs avis et idées divergents voir s'opposent à celles de l'animateurices, ce qui est une grande richesse ! Cees personnes peuvent adopter un rôle de "leader négatif". Cette période, parfois dure à vivre pour les groupes comme pour les humains, est fondamentale car elle ouvre la porte à l'appropriation du groupe par ses membres. Pendant cette période, il est difficile souvent pour l'animateur-ice de se justifier voire de protéger le groupe d'un ou de quels leaders négatifs qui en allant trop loin, met en péril le groupe.
Car à ce stade le sentiment d'appartenance est souvent très fort. Les risques sont notamment un manque d'ouverture d'esprit, d'un rejet des personnes ayant des avis et des visions différentes ou ne s'impliquant pas "à fond", une incapacité à se protéger ou à mettre une limite pour les personnes les plus impliquées pouvant amener à un surmenage...

Dans cette phase, le cri typique de l'animateur-ice est "Ils font n'importe quoi !"

Les objectifs de l'animateurice d'un groupe "adolescent"
A ce stade, deux écueils excessifs sont à éviter : resserer la visse pour que le groupe aille dans la direction que l'on trouve bonne (ce qui risque de braquer encore plus le groupe) ou l'abandonner complètement et le laisser faire sans l'accompagner.
Entre ces deux positions, l'animateurice peut aider le groupe à prendre du recul, s'autoanalyser et à évoluer tout en restant dans un cadre sécurisant. Iel peut proposer des méthodes d'animation avec différents angles de vues, en se faisant avocats du diable, en imaginant d'autres possibles et façons de faire tels que les chapeaux de Bono ou l'étoile du changement. Iel peut également suggérer ou souligner l'importance de moments dédiés au partage des émotions, des attentes, des besoins, des tensions ressenties par chacun.es via les météos intérieures, les entretiens croisés, ou le pilotage dynamique par tension
Le groupe adolescent en vidéo


le groupe adulte
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- Dans la phase suivante, le groupe devient adulte. Suffisamment de membres se sont appropriés le groupe. Celui a développé des pratiques, des méthodes et des outils favorables au projet tout en permettant l'émancipation de chacun.e, l'autonomie, l'accetation de la diversité des opinions, des façons de faire et des niveaux d'implication.
Dans cette phase, le cri typique de l'animateur-ice est "Mais à quoi je sers ?"

Les objectifs de l'animateurice d'un groupe "adulte":
Parfois il est difficile pour les porteureuse du projet, les ancien.nes dictateurices bienveillante d'avoir l'impression que le groupe "n'a plus besoin d'iel".
Or cette personne peut encore avoir une grande utilisé, notamment vis à vis de l'extérieur, en tant que visage et ambassadrice du projet.
Cette personne "source" est également témoin de l'histoire et de l'évolution du groupe. Iel peut avoir un rôle de garant de l'esprit et de l'histoire du groupe, afin que celui-ci ne se coupe pas de ses racines.

Il ne sert à rien de griller les étapes, pour un groupe comme pour un humain, il faut passer par les différentes étapes. Vouloir constituer un groupe adulte de toute pièce dès le départ pourrait s'appeler le "syndrome de Frankenstein"...

Parfois le groupe devient sénile. Il peut alors mourir mais peut-être a-t-il essaimé en donnant naissance ou en inspirant d'autres groupes, s'assurant ainsi une descendance et la continuité de l'utilité de ce qu'il a entrepris.

Une évolution rarement liénaire

Au sein d'un groupe les personnes elles-mêmes ont leur évolution propre et il est important de s'adapter à chacune, de permettre à celleux qui souhaitent juste faire ce qu'on leur dit de la faire et à celleux qui souhaitent s'impliquer d'avantage dans avoir la possibilité.

De même un groupe adulte s'il se renouvelle fortement peut repasser majoritairement à un stage enfant qui va devoir retraverser les différentes étapes. Cette "maturité" peut s'atteindre plus rapidement avec les apprentissages en terme de "grandir et de faire ensemble" s'ils sont partagés et pris en compte.