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L'art de décider

Dans le collectif, le rêve pourrait être de parvenir à passer du "On ne fait que ce qui est décidé" à "Tout ce qui n'est pas interdit est autorisé"
et donc indirectement de devoir décider le moins souvent possible ;-)


Dans un collectif, on se situe toujours entre 3 pôles : décider seul - décider ensemble - ne pas décider.
Quand on ne joue que sur un des pôles, ça cale très souvent.
Par exemple :
  • quand une seule personne décide de tout, très rapidement quand le projet grandit, elle n'est plus en capacité de décider tant les décisions sont nombreuses
    • le projet souffre et des décisions se prennent alors ailleurs, seuls et de manière chaotique OU ne se prennent plus du tout
    • => le résultat final est le plus souvent la mort du projet
  • il en est de même quand toutes les décisions sont prises ensemble. C'est chronophage, décourageant, bloquant !
    • le projet souffre et des décisions se prennent alors ailleurs, seuls et de manière chaotique OU ne se prennent plus du tout (pour préserver la cohésion du groupe)
    • => le résultat final est le plus souvent la mort du projet
Un objectif : décider ensemble de qui a la légitimité pour décider seul de quoi. Le comment et le quand se font en délégation de confiance. Le projet peut alors vivre sans brider les inititiatives individuelles tout en gardant une cohérence.
Une fois que les points qui méritent décision collective sont identifiés vient le temps du choix de la méthode !

L'art du panachage !

Chaque mode décisionnel comporte ses avantages et ses inconvénients.
  • le 100 % directif n'est plus du tout perçu comme raisonnable
  • le 100 % collaboratif entraîne souvent des concertations interminables et un nivellement par le bas
Le collectif perçoit rapidement (et souvent) la nécessité de panacher les modes de décision en tenant compte de la spécificité des situations.
Le collectif gagne en maturité et s'achemine petit à petit vers un leadership décisionnel partagé en fonction des situations (nombre de personnes, urgence, expertise requise, enjeu...)
A l'animateur (et au groupe) d'impulser l'exemple et de choisir le mode de décision le plus opportun.

Les désaccords

Concernant les désaccords, un conseil semble s'imposer : passer le temps nécessaire à creuser les différences de point de vue (sur quoi porte le désaccord ?) avant de passer aux solutions ou aux décisions.
Une fois le cadre du désaccord posé et si le dialogue autour de celui-ci ne parvient toujours pas à permettre de prendre une décision suffisamment partagée, le groupe est devant les choix suivants :
  • décider en votant à la majorité
  • ne pas décider et attendre que la situation et les points de vue évoluent
  • confier à une partie du groupe la responsabilité de mettre en oeuvre la décision en prévoyant une évaluation basée pour partie sur les objections de ceux qui sont en désaccords
  • creuser encore ce qui se cache derrière les désaccords

Fondamentalement, la bonne méthode sera celle qui remplit les trois conditions :
  • convenir au groupe
  • permettre l'expression réelle des désaccords
  • permettre d'avancer
Voir le document :Quelle décision dans quel contexte ? de l'Instant Z

Des points de vigilance

Avant d'aller plus loin dans les méthodes ou les outils disponibles, ces quelques points de vigilance sont à tenir à l'oeil.
  • accepter que tout ne doit pas se décider à l'unanimité
    • quand tout est décidé par une personne => on est pas dans un collectif
    • quand tout est décidé par tout le monde => souvent le collectif n'avance pas (on ne décide pas pour préserver le groupe), ou le collectif se vide (par abandon faute de temps et de palabres sans fin)
  • clarifier si c'est le bon moment pour décider
    • quand c'est "tendu", il est souvent bon de postposer la prise de décision ou de la "travailler" avant de se lancer
    • quand tout va bien, que le ciel est bleu... c'est peut-être le moment de déposer une décision plus compliquée mais dans un contexte favorable
  • clarifier de sur quoi on veut décider : Même lorsque l’on a l’impression que le problème est simple, chacun le comprend à sa façon. Il faut toujours se mettre d'accord sur cette définition du problème.
  • clarifier les critères d'analyse du problème : L’analyse des problèmes doit s’appuyer sur des critères clairs. Sinon comment analyser un problème si l’on ne sait pas sous quel angle de vue ?
  • accepter les désaccords : seul espoir d'innovation et permettre leurs expressions
  • décider qu'on va décider ;-) : S'offrir un cadre rassure chacun (on tente sincèrement le consentement et si on y parvient pas au bout de xx minutes on décidera au vote ou on reporte ou ...) Quand chacun sait que le temps est compté et que le débat se conclura, les échanges sont beaucoup plus intenses et structurés.
  • valider les décisions implicites : Souvent, des décisions (petites ou grandes) sont prises sans qu'on ait véritablement annoncé que c'était une prise de décision ou que l'on ait "validé" cette prise de décision. S'en assurer permet d'éviter les "freins" ou remises en question ultérieures.
  • déléguer la prise de décision à un outil numérique est un échec ,-) => s'aider d'un outil numérique est autre chose...
  • garder des traces des décisions prises pour ne pas refaire et refaire encore, via un registre des décisions visible (dans le wiki par exemple)
  • quelque que soit la méthode utilisée pour décider, il faut chercher à placer chacun dans une posture de "JE Agissant" (et pas JE demandant). Le collectif n'est pas là pour faire à la place de... mais permettre à chacun de trouver un espace bienveillant pour mener son action dans le cadre du projet

IMPORTANT Repenser, rediscuter, prendre le temps de se regarder, analyser et critiquer les processus de décision pour les améliorer EST la clé de la montée en maturité du collectif => Progresser sur la prise de décision dans nos collectifs, c'est faire progresser la société sur cet enjeu de taille... non ?


Contenus inspirés de Cooptic, auteur Gatien Bataille.