100 La rue piétonne


Le simple rapport social créé lorsque les gens se côtoient en public est l'un des types de "colle" sociale les plus essentiels dans la société.

Dans la société actuelle, cette situation, et donc cette colle, fait largement défaut. Elle manque en grande partie parce qu'une grande partie du processus réel de mouvement se déroule maintenant dans des couloirs et des halls intérieurs, au lieu de se dérouler à l'extérieur. Cela s'explique en partie par le fait que les voitures ont envahi les rues et les ont rendues inhabitables, et en partie par le fait que les couloirs, qui ont été construits en réponse à cette situation, encouragent le même processus. Mais son effet est doublement dommageable.
Il est dommageable parce qu'il prive les rues de leurs habitants. La plupart des déplacements que font les gens se font à l'inté-rieur, donc dans la rue ; la rue devient abandonnée et dangereuse.
La rue devient abandonnée et dangereuse. Et elle est dommageable parce que les halls et les couloirs intérieurs sont le plus souvent morts. Cela est dû en partie au fait que l'espace intérieur n'est pas aussi public que l'espace extérieur, et en partie au fait que, dans un immeuble à plusieurs étages, chaque couloir a une densité de circulation inférieure à celle d'une rue publique extérieure. Il est donc désagréable, voire déconcertant, de s'y déplacer ; les gens qui s'y trouvent ne sont pas en état de géné-rer ou de bénéficier de relations sociales.
Pour recréer le rapport social de la circulation publique, il faut, dans la mesure du possible, que la circulation entre les pièces, les bureaux, les départements, les bâtiments, se fasse en fait à l'extérieur, sur des chemins, des arcades, des sentiers, des rues, qui sont véritablement publics et séparés des voitures. Les ailes individuelles, les petits bâtiments, les départements doivent avoir le plus souvent possible leurs propres entrées - de sorte que le nombre d'entrées dans la rue augmente et que la vie revienne dans la rue.
En bref, la solution à ces deux problèmes que nous avons mentionnés - les rues infectées par les voitures et les couloirs fades - est la rue piétonne. Les rues piétonnes sont à la fois des lieux où l'on se promène (de la voiture, du bus ou du train à sa desti-nation) et des lieux de passage (entre les appartements, les magasins, les bureaux, les services, les classes).
Pour fonctionner correctement, les rues piétonnes ont besoin de deux propriétés particulières. D'abord, bien sûr, pas de voi-tures ; mais des passages fréquents par des rues à circulation, voir le Réseau de sentiers et de voitures (52) : les livraisons et autres activités qui rendent indispensable l'arrivée de voitures et de camions dans la rue piétonne doivent être organisées aux premières heures du matin, lorsque les rues sont désertes. Deuxièmement, les bâtiments le long des rues piétonnes doivent être planifiés de manière à éliminer autant que possible les escaliers, les couloirs et les halls intérieurs et à laisser la majeure partie de la circulation à l'extérieur. Cela crée une rue bordée d'escaliers, qui mènent de tous les bureaux et pièces à l'étage directement à la rue, et de nombreuses entrées, ce qui contribue à augmenter la durée de vie de la rue.
Enfin, il convient de noter que les rues piétonnes qui semblent les plus confortables sont celles où la largeur de la rue ne dé-passe pas la hauteur des bâtiments environnants. (Voir "Vehicle free zones in city centers", International Brief #16, U.S. De-partment of Housing and Urban Development, t, Office of International Affairs, juin 1972).


100 Pedestrian street

The simple social intercourse created when people rub shoulders in public is one of the most essential kinds of social "glue" in society.

In today's society this situation, and therefore this glue, is largely missing. It is missing in large part because so much of the actual process of movement is now taking place in indoor corridors and lobbies, instead of outdoors. This happens partly because the cars have taken over streets, and made them uninhabitable, and partly because the corridors, which have been built in response, encourage the same process. But it is doubly damaging in its effect.

It is damaging because it robs the streets of people. Most of the moving about which people do is indoors - hence lost to the street; the street becomes abandoned and dangerous.

And it is damaging because the indoor lobbies and corridors are most often dead. This happens partly because indoor space is not as public as outdoor space; and partly because, in a multi-story building each corridor carries a lower density of traffic than a public outdoor street. It is therefore unpleasant, even unnerving, to move through them; people in them are in no state to generate, or benefit from, social intercourse.

To recreate the social intercourse of public movement, as far as possible, the movement between rooms, offices, departments, buildings, must actually be outdoors, on sheltered walks, arcades, paths, streets, which are truly public and separate from cars., Individual wings, small buildings, departments must as often as possible have their own entrances - so that the number of entrances onto the street increases and life comes back to the street.

In short, the solution to these two problems we have mentioned - the streets infected by cars and the bland corridors - is the pedestrian street. Pedestrian streets are both places to walk along (from car, bus, or train to one's destination) and places to pass through (between apartments, shops, offices, services, classes).

To function properly, pedestrian streets need two special properties. First, of course, no cars; but frequent crossings by streets with traffic, see Network of Paths and Cars (52): deliveries and other activities which make it essential to bring cars and trucks onto the pedestrian street must be arranged at the early hours of the morning, when the streets are deserted. Second, the buildings along pedestrian streets must be planned in a way which as nearly as possible eliminates indoor staircases, corridors, and lobbies, and leaves most circulation outdoors. This creates a street lined with stairs, which lead from all upstairs offices and rooms directly to the street, and many many entrances, which help to increase the life of the street.

Finally it should be noted that the pedestrian streets which seem most comfortable are the ones where the width of the street does not exceed the height of the surrounding buildings. (See "Vehicle free zones in city centers," International Brief #16,U.S. Department of Housing and Urban Developmen,t, Office of International Affairs, June 1972)





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