7. Le langage de l'Archipel Coopératif


Entrer en coopération est une invitation au voyage, les mots prennent une autre saveur, d'autres semblent être inventés uniquement pour définir au plus juste cette expérience collaborative !
Il s'agit aussi de redonner ses lettres de noblesse à la collaboration, malheureusement ternie par l'histoire...


1. Les Essentiels

Intelligence collective :

On peut définir l'intelligence collective comme la capacité d'un groupe à faire converger intelligence et connaissances pour aller vers un but commun. C'est être convaincu qu'à plusieurs on va plus loin ! qu'on s'enrichit des idées des autres et que le projet bénéficie de cette diversité. L'intelligence collective est plus que la somme des avis individuels, car elle place les communs et l'intérêt général au centre de la réflexion collective.

Coopération :

Répartir les missions au sein de plusieurs petits groupes de personnes ou entre individus complémentaires pour arriver à un résultat commun.

Collaboration :

Ensemble, construire un projet, prendre des décisions pour aboutir à un résultat commun. Il s'agit d'un pas supplémentaire de la coopération qui demande une grande confiance des un·es envers les autres !

Participation :

La participation est un enjeu majeur de la coopération et de la collaboration. Il ne s'agit pas seulement d'être présent·e, (l'essentiel c'est de participer !) mais aussi d'être partie prenante des décisions. Par exemple, quand on parle de démocratie participative (par opposition avec la démocratie représentative), les citoyen·nes veulent donner leur avis, mais aussi et surtout, faire des propositions, voire co-construire les projets et décider. Roger Hart différencie donc ces différents niveaux dans son échelle allant de la manipulation à la décision.

Les Communs :

"Les biens communs correspondent à l’ensemble des ressources, matérielles ou non, relevant d’une appropriation, d’un usage et d’une exploitation collectifs" - d'après Wikipedia. Deux critères principaux les caractérisent : la non-rivalité et la non-exclusion. Les biens communs reposent sur trois notions : une ressource / une communauté qui gèrent cette ressource / une gouvernance qui organise le fonctionnement de la communauté et l'usage de la ressource.
De quoi on parle ? du bien commun ? des biens communs ? des communs ? La définition évolue, notamment avec l'arrivée du numérique qui n'est pas un bien à proprement parlé. Les communs sont donc ce qui est à tout le monde, l'eau, l'air qu'on respire, les forêts, etc. Cela fait bien longtemps que les humains organisent la répartition et la gestion des communs. Mais permet-elle à chacun·e d'en bénéficier ? Aujourd'hui, nombreux·euses sont les personnes qui se mobilisent pour les protéger et les mettent au cœur des décisions, notamment politiques.


2. Découverte de l'Archipel Coopératif

Le Plus Petit Pas Possible (PPPP) :

Entrer dans l'univers de la coopération semble parfois une épreuve. On n'a pas l'habitude et ça peut faire peur. On est déstabilisé. On ne sait pas par où commencer. Et bien le petit pas est la démarche à suivre. Y aller petit à petit, en commençant avec une première expérience facile. Par exemple, remplir un framadate pour définir la date de notre prochaine réunion d'équipe ! Ou tester la prise de note collective via un document de co-écriture - exemple framapad, pad colibri...

Seuil d'implication :

Nous travaillons à ce qu'il soit le plus bas possible pour permettre à chacun·e d'embarquer sur l'Archipel Coopératif. Pour cela, nous avons en tête des tâches simples et sympas à faire pour les nouveaux·elles, et nous sommes réactif·ves quand une personne regarde ce pays, pour l'embarquer avec nous.

Expérience irréversible de coopération :

Quand on y a goûté, on ne peut plus s'en passer ! C'est le PPPP qui nous fait basculer dans ce monde coopératif, qui nous convainc qu'il s'agit d'une voie pertinente.

Impulser :

Donner un élan, allumer une étincelle dans un groupe, créer des situations coopératives pour que les flammes du faire-ensemble prennent.

3. Mode de vie (en réunion par exemple !)

Météo :

Alors comment ça va aujourd'hui ? Avant de commencer à travailler ensemble, il est bon de savoir dans quelle énergie arrivent les personnes. Nous devrions laisser nos "vies perso" à l'entrée de la salle de réunion mais dans la vraie vie, ce n'est pas si simple. Le fait d'exprimer au groupe, en quelques mots, notre état d'esprit, nos ressentis, permet de mettre l'humain au cœur des projets et de construire le temps de travail avec les réalités de chacun·e. S'exprimer face au groupe peut aussi aider à dépasser les difficultés traversées pour se mettre dans une énergie de travail collectif. En tout cas, chacun·e sait à quoi s'en tenir.
De plus, cette météo permet aussi aux animateur·trices d'adapter le rythme ou le contenu de la réunion en fonction de l'état du groupe, tout le monde est fatigué, sur les nerfs ... peut être vaut-il mieux reporter les grandes décisions à un autre moment !

Accords de groupe :

Ce sont les règles de vie qu'un groupe se fixe collectivement. Elles sont révisables et modifiables, puisque les besoins évoluent. Chaque personne du groupe donne son avis, ses besoins pour que la réunion se passe bien et les propositions sont validées par l'ensemble.

4. S'organiser pour faire ensemble

Co-construire, co-concevoir, co-décider, cocorico ! :

Ces "co" là amènent à faire ensemble. Chaque personne apporte sa pierre à l'édifice, parce qu'ensemble on va plus loin (mais moins vite !). Il s'agit de mettre le bien commun, l'intérêt général au centre de la table. Chacun·e, avec ce qu'il ou elle est, propose sa réflexion pour répondre à un sujet commun. On dépasse là le simple sondage où chacun·e donne son avis et où les initiateur·trices doivent se casser la tête pour faire converger tous les avis divergents, et finalement décevoir forcément une partie des personnes qui ne se retrouveront pas dans la décision finale. L'intérêt est l'appropriation des idées, qui permet de mieux comprendre les enjeux.
Co-construire, c'est donner son avis et participer aux idées. Co-concevoir, c'est définir des objectifs et des méthodes et co-décider c'est donner sa validation. Le tout à faire ensemble.
Heureusement, il y a des outils qui facilitent la tâche (cf. ci-dessous gestion par consentement & co).

Gouvernance partagée ou agile :

On parle de gouvernance pour évoquer l'organisation d'un groupe de personnes, au sein d'une entreprise, d'une collectivité locale, d'une association, d'un collectif informel... Il s'agit de définir les processus de décision. Donc, qui décide quoi et comment. Dans la gouvernance agile ou partagée, les modes de décisions sont les plus collectifs et les plus participatifs possibles. "On n'est pas bien à l'horizontale !" dit La Belle Démocratie. Si ! et il faut s'organiser pour y arriver. Nous avons besoin de définir clairement les rôles, cela impose une réflexion globale sur la répartition et les cercles de pouvoir. Ainsi, Chaque Cercle a "autorité" sur son axe de travail et peut décider sans demander l'avis au grand groupe. On peut aussi se dire que les personnes présentes sont les bonnes personnes !
Sinon, il y a bien sûr des outils et des méthodes qui facilitent la tâche : la gestion par consentement, le jugement majoritaire et autre élection sans candidat, etc. que nous développons ci-dessous.

Convergence :

Selon Larousse "Fait de converger, de tendre vers un même point : La convergence de deux lignes.
Fait de tendre vers un même but ou un même résultat : La convergence des efforts.
Fait de présenter des analogies, des points communs : Les convergences entre nous sont nombreuses.
"
Il s'agit d'un vocabulaire fréquent en Coopération. La convergence peut désigner à la fois une attitude et un objectif à atteindre. La convergence invite une équipe à s'organiser, à planifier, à expérimenter, à évaluer le projet.
Les outils d'animation de groupe sont les ingrédients indisociables de la convergence.


5. Décider

Gestion par consentement :

L'université du Nous : Il s'agit de prendre une décision à zéro objection. Les personnes expriment leur capacité à vivre avec la décision et sont convaincues que cette dernière ne nuit pas au projet et aux objectifs fixés. Après un tour de présentation, on enchaîne sur un tour de clarification. Puis c'est parti ! Ici, la formule de prédilection est "je peux vivre avec".

Jugement majoritaire :

C'est un système de vote conçu et proposé par Michel Balinski et Rida Laraki, chercheurs au CNRS et professeurs à l'Ecole Polytechnique. Cette méthode a été élaborée pour éviter les déboires auxquels donnent lieu tous les autres types de scrutins. Il s'agit de donner son avis sur chacun·e des critères, idées ou personnes en évaluant de "à rejeter" jusqu'à "Excellent". On peut donner la même appréciation à plusieurs d'entre-eux. Pour connaître le résultat du jugement majoritaire, on calcule le profil de mérite de chaque objet du vote, on obtient la mention majoritaire qui permet de classer du plus au moins apprécié. Heureusement, il y a des logiciels qui font les calculs pour nous !

Élection sans candidat :

l'Université du Nous, encore elle, propose cet outil qui permet à un groupe de désigner la personne qui lui semble être la bonne pour une mission en particulier. Après avoir défini le mandat et les critères, chacun·e vote. Lors du dépouillement, chacun·e explique son choix : c'est le contraire du vote à bulletin secret. Ici, il faut assumer pleinement son avis et argumenter face au groupe ! Après les échanges, il peut y avoir report de voix (facultatif) puis un tour d'objection est organisé. Si besoin, une bonification est apportée. Sinon, on célèbre le choix collectif !

6. Les indispensables numériques, à mettre dans votre sac à dos...

Gare centrale :

Le must de la coopération. L'endroit où on retrouve tout ce dont on a besoin. Il peut être un espace défini mais aussi dématérialisé grâce à un outil numérique. Il en existe plein et c'est à vous de définir celui qui sera le plus adapté au groupe (trello, Yeswiki, padlet...). Dans la gare centrale, on retrouve l'ensemble des informations ou des liens utiles comme les comptes-rendus de réunions, les ressources, les productions de chacun·e, etc ...

Creative Commons :

Les licences Creatives Commons sont des licences ouvertes permettant la ré-utilisation de contenus sous certaines conditions. Pour en connaitre plus sur le monde merveilleux de ces licences c'est par là.

Yes wiki :

Oui c'est qui ? L'outil libre facilitant la coopération ouverte. Yes Wiki est un logiciel libre né du croisement des discussions et savoir-faire de développeurs et animateurs de projets coopératifs. A l'image d'une page blanche, ses usages sont quasiment illimités : ils dépendront de votre créativité! Yes Wiki est aujourd'hui maintenu et amélioré par une communauté de professionnels issus d'horizons différents qui prend du plaisir à partager ses rêves, ses créations et ses développements.

Les Framatrucs :

Boîte à outils de l'internet libre et éthique, couteau suisse du collaboratif numérique. Framadate : pour caler un rdv, Framateam : pour discuter entre équipe, Framapad : pour co-écrire un document... A noter : certains framatrucs vont fermer pour permettre à d'autres outils de l'internet libre de prospérer, si c'est le cas de votre framatruc, rendez-vous ici.

Pomodoro :

25 minutes, 5 minutes, 25 minutes... et on recommence pour être concentrer et moins s'éparpiller ; l'ingrédient secret c'est... On choisi UNE tâche et une seule, et top chrono 25 minutes avec le cerveau à 100% sur cette tâche, et puis 5 minutes de coupe totale, une tasse de thé, des étirements, et c'est reparti pour 25 minutes. Après 4 cycles on s'accorde une pause plus longue.

Communication Non Verbale :

Les petits gestes utiles qui permettent de partager son opinion sur une réflexion sans interrompre le fil du discours.



Et bien plus à découvrir dans les autres chapitres du guide et sur place...

Partenaire : Ensemble, nous construisons des relations solides avec nos partenaires avec les couteaux japonais, basées sur la confiance, la transparence et la réussite mutuelle.