Proposition article RAP

Ci-dessous la proposition de texte concernant la RAP, qui a été acceptée - le texte final est attendu pour le 31 mars

Un processus en questions : l’exemple de la recherche-action participative Grandir avec la nature

Remarque : le nom des auteur.e.s pour le texte final est amené à évoluer
Dominique Cottereau et Aurélie Zwang
Avec l’implication des membres du comité de pilotage de la RAP : Blanc Olivier (REN), Galvani Pascal (Université du Québec), Girault Marie-Laure, Lebris Elisabeth (CEMEA), Perreau Agnès (REN), Christian Reynaud (LIRDEF), Sergent Frédéric (Graine Bourgogne France Comté), Thubé Francis (Ifrée)

Objectif, contexte et organisation de RAP Grandir avec la nature

La recherche action participative (RAP) Grandir avec la nature a pour objet d’explorer les relations éducatives et formatrices qui s’instaurent entre des élèves et la nature. Il s'agit d'établir les effets identifiables des approches pédagogiques, des lieux et de la durée de l'action éducative sur le développement de l'enfant, dans un contexte scolaire, et dans ses multiples dimensions (cognitive, affective, comportementale, existentielle). Elle a pour finalité de mettre en valeur le rôle fondamental que peut avoir le rapport à la nature tel qu'il est construit à travers les dispositifs éducatifs qui se développent en dehors des murs de l'école.
Lancé en 2017 par un collectif de professionnel.le.s de l'éducation à l'environnement, d'enseignant.e.s, de formateurs- rices, d'animateurs-rices et de chercheur.e.s, le terrain de la recherche se déploie depuis 2018 dans une cinquantaine d’écoles maternelles et primaires réparties sur tout le territoire et principalement en Bretagne, Franche-Comté, Lozère, Poitou-Charente et la région lyonnaise. À des fréquences variables et selon des modalités pédagogiques choisies par les enseignant.e.s et/ou les animateur-trices impliqué.e.s, la classe n'a plus lieu entre les murs de l'école mais dehors, au contact de l'environnement naturel et culturel de proximité (bois, parc, friche, etc.). L'action de la recherche se situe donc dans le cadre de l'école - ou rarement dans des centres de loisirs - et dans ce contexte particulier elle s'adresse au public d'âge scolaire.
Un comité de pilotage organise l'accompagnement des différents territoires dans lesquels un.e accompagnateur-trice soutient les actions des enseignant.e.s. L'organisation générale est horizontale, dans un aller-retour permanent aux différentes échelles entre le local et le national. Les co-chercheur.e.s du dispositif proviennent de différentes organisations : des membres d'associations adhérentes au Réseau Ecole et Nature qui, au niveau national, anime et porte financièrement le dispositif, des chercheur.e.s universitaires et non universitaires, des membres de l’éducation nationale.

Filiations conceptuelles et partis-pris épistémologiques de la RAP Grandir avec la nature

L'objet central de la recherche-action est bien de comprendre le rôle de l’éducation à l'environnement dans ses multiples composantes (cognitive, psychologique...) quand celle-ci consiste à emmener les enfants dehors, et de favoriser ce type de pratique. En ce sens, elle est au croisement de plusieurs courants développés ces dernières années, dans une perspective d'éducation socio-écologique : les champs de la recherche sur les « éducations à » (Barthes, Lange, et Tutiaux-Guillon, 2017), en éducation relative à l'environnement appréhendés comme espace- temps avec lequel les êtres humains sont en interaction permanente (Sauvé, 2009), sur l'écoformation c’est-à-dire la formation que chacun reçoit et construit par contact direct et réfléchi avec l’environnement (Galvani, Pineau, et Taleb, 2015), enfin sur les travaux en psychologie centrés sur les relations entre les humains et la nature, qui ont montré que le manque de contact avec l'environnement non humain pouvait avoir des conséquences délétères (Louv, 2010).
Cependantlepartiprisaétédenousinscriredanslalignéedel’hypothèsedu«tierssecteurscientifique» (Latour, 2004) et des recherches de « plein air » (Souchard, 2013) avec comme finalité une hybridation des savoirs par la prise en compte effective, dans le processus, de la diversité des points de vue issus de différentes professionnalités. Aussi nous axerons plus spécifiquement cet article sur les postures engagées par chacun, les formes de travail élaborées, et les résultats attendus en matière de transformation de sa pratique.

Des questionnements au centre du processus de recherche action participative

Nous nous demanderons si la recherche-action n'est pas plus "coopérative" que "participative", c'est-à-dire définie selon le double principe posé par Souchard et Bonny (2015) de la symétrie des positions entre les participant.e.s et de la différenciation des contributions de chacun.e ; ce qui induirait que le collectif constitue un "acteur-chercheur hybride" dans lequel toutes et tous sont acteurs et actrices et toutes et tous sont chercheurs et chercheuses. De fait, le thème central de la recherche a été défini collectivement et toutes et tous sont impliqué.e.s dans les différentes étapes, de l'élaboration de la problématique à la valorisation, en passant par la définition du protocole de recherche, le recueil de données, leur analyse et leur interprétation, la rédaction. Si au niveau national, toutes les catégories professionnelles sont représentées, le recueil et l'analyse de certains terrains reposent uniquement sur la réflexivité des praticien.ne.s, comme d'autres recherches-actions l'ont déjà expérimentées (Cottereau, 2016). Le protocole de méta-analyse (Dixon-Woods et al., 2005), final et collectif, permettra de prendre en compte l'analyse réalisée dans les différents terrains.
Nous explorerons aussi la nécessité que nous avons eu de mixer le présentiel et le distanciel pour nous adapter à l'ampleur géographique de la RA, ainsi qu'au surgissement de la situation sanitaire. La méthodologie globale utile à chacun.e et au collectif est élaborée progressivement entre des temps communs territoriaux et nationaux, et des temps entre quelques participant.e.s seulement. Ces temps d'échanges ont évolué. Après deux séminaires en juillet 2018 et 2019, la nécessité d'intercaler une rencontre à mi-année entre les participant.e.s s'est imposée. Depuis 2019, deux séminaires nationaux par an sont programmés : un en distanciel, compte tenu de la distance géographique entre les participant.e.s, et un en présentiel. La crise sanitaire de 2020 a bouleversé cet agenda en empêchant les rencontres physiques avec l'ensemble des participant.e.s, reconfigurant les modalités d'accompagnement, autant celles pensées par le comité de pilotage que par les accompagnateur-trice-s territoriaux.
Enfin, parce que les démarches collaboratives qui se développent en contexte éducatif séparent généralement le développement professionnel des éducateurs et la production de connaissances par les chercheurs (Reynaud, Franc, Blangy, 2017), nous interrogerons le processus de formation des un.e.s et des autres engendré par la participation à la recherche action. Cette participation à une situation nouvelle provoque des "bougés" chez les acteurs et actrices de terrain, par la dimension réflexive et par l'interrogation voire l'inconfort que cela peut susciter de devenir chercheur.e.s mais aussi chez les chercheur.e.s, qui doivent clarifier leur posture et la teneur de leurs apports. C'est ainsi que, toujours "en marchant", des questions de recherche évoluent, des outils sont modifiés et des pratiques interrogées. Il s'agit, dans cette contribution, de le montrer, à travers des exemples précis.

Bibliographie

Barthes, Angela, Jean-Marc Lange, et Nicole Tutiaux-Guillon, éd. 2017. Dictionnaire critique des enjeux et concepts des « éducations à ». Paris, France : L’Harmattan, 622 p. ISBN : 978-2-343-12678-4. Cottereau, Dominique. 2016. « Recherches-actions associatives : Le praticien réflexif ou la recherche sans « chercheur » ». Éducation Relat. À Environ. Regards - Rech. - Réflex. [En ligne]. n°Volume 13-1,. Disponible sur : < http://journals.openedition.org/ere/302 > (Consulté le 23 septembre 2020).
Dixon-Woods, Mary, Shona Agarwal, David Jones, Bridget Young, et Alex Sutton. 2005. « Synthesising qualitative and quantitative evidence: A review of possible methods ». J. Health Serv. Res. Policy. Vol. 10, n°1, p. 45 53.
Galvani, Pascal, Gaston Pineau, et Mohammed Taleb, éd. 2015. Le feu vécu: expériences de feux éco- transformateurs. Paris, France : L’Harmattan, DL 2015, 316 p. ISBN : 978-2-343-06090-3.
Latour, Bruno. 2004. Politiques de la nature: comment faire entrer les sciences en démocratie. Paris, France : la Découverte, 382 p. ISBN : 978-2-7071-4219-1.
Louv, Richard. 2010. Last Child in the Woods: Saving Our Children from Nature-deficit Disorder. Main edition. London : Atlantic Books, 416 p. ISBN : 978-1-84887-083-3.
Reynaud, Christian, Franc, Serge, et Blangy, Sylvie. 2017. « Démarches collaboratvies et participatives ». Dans : Barthes A, Lange J-M, Tutiaux-Guillon N (éd.). Dict. Crit. Enjeux Concepts Éducations À. Paris, France : L’Harmattan, p. 376 379. ISBN : 978-2-343-12678-4.
Sauvé, Lucie. 2009. « Le rapport entre éthique et politique : un enjeu pour l’éducation relative à l’environnement ». Éducation Relat. À Environ. Regards - Rech. - Réflex. [En ligne]. n°Volume 8,. Disponible sur : <http://journals.openedition.org/ere/2229 > (Consulté le 26 février 2020).
Souchard, Nadine. 2013. La fabrique du social, expérimentation et innovation [En ligne]. Rennes : Collège coopératif en Bretagne, Disponible sur : < http://lafabriquedusocial.fr/ > (Consulté le 23 octobre 2019).
Souchard, Nadine, et Yves Bonny. 2015. « La recherche-action coopérative, une voie contributive aux productions de la société civile ? » Dans : Chercheur.e.s et acteur.e.s de la participation : Liaisons dangereuses et relations fructueuses. Disponible sur : < https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01639046 > (Consulté le 23 septembre 2020).

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