Repolitiser le numérique, se l'approprier, (s')émanciper grâce à et contre lui!


En dessin!

Une version que j'espère claire et explicite.
image NumerhicRR.png (0.5MB)
Schéma représentant les idées principales
Facilitation graphique: https://www.romanerostoll.fr

En mots...

(un peu) plus précis, plus argumenté, plus sourcé...

Comment faire en sorte que les collectivités locales prennent au sérieux la part politique du « numérique », et au moins de leur système d’information ? En effet, certains effets structurants, de long terme, liés aux aspects techniques, légaux, économiques du numérique se sont pas rendus visibles et/ou pas contrôlés. L’enjeu est de repolitiser ce qui est perçu soit comme un « contexte », sur lequel nous n’avons pas la main, soit comme un « outil », neutre ou entièrement à notre main.
Je suis persuadé que ces questions nous concernent tous, agents de la fonction publique, acteurs du "numérique" au sens large, élus, et citoyens/habitants, bien qu'elles soient (parce qu'elles sont?) "techniques".

Reprendre l’initiative (introduction)

Le numérique prend une part importante, et de plus en plus importante dans la dégradation par les humains des conditions matérielles de vie sur Terre, et dans l’augmentation des conflits armés.
En même temps qu’il facilite la vie de certains, il exclut un grand nombre d’autres.
Trop souvent, son usage « public » est antidémocratique et pro-sécuritaire.

Valeurs à nourrir et mythes du numérique

Par construction et par idéologie, le numérique a tendance à favoriser la gestion et le contrôle, il prend la place des dictionnaires et des cartes (ce qui est, ce qu’on voit, où on est), de la loi (ce qu’on doit faire), et des machines-outils (ce qu’on peut faire).
Les bigs techs induisent une privatisation du numérique, et contribuent à une nouvelle étape du capitalisme en opposition frontale à la visée de l’intérêt général porté dans le discours des acteurs publics
Les acteurs publics sont privés de la définition du bien commun, perdent leur autonomie, leurs capacités de négociation, ne maitrisent pas les prix… Certains services sont privatisés, ou leur réalisation se fait suivant un cadre marchand.
La reprise de pouvoir ne peut se faire qu’en ayant de la clarté sur les couts et bénéfices à long terme de l’usage du numérique, et en se donnant les moyens de maitriser une partie de la chaine de conception et de production.
Globalement, le numérique renforce les dominations, les exploitations, l’asservissement, au Nord comme au Sud (fragilisation du salariat, individualisation du travail, modification des comportements avec le capitalisme de surveillance…)

Effets et mécanismes du numérique dans notre société

Quelle que soit l’importance accordée à ces enjeux, il semble naturel de commencer par se doter de capacités de réflexion et d’action minimales. Or le numérique est perçu comme un outil central d’évaluation, de contrôle et de pilotage… il faut alors aller plus près des racines et proposer aussi une autre vision de l’évaluation… radicale !
  • prendre la mesure sans tout mesurer, articuler les méthodes classiques d’évaluation et des méthodes laissant plus de place aux réactions des partenaires, et à l’évolution globale ;
  • • certes évaluer ponctuellement par des mesures d’impacts, mais surtout évaluer « en marchant » les transformations collectives ;
  • • évaluer différemment mais conjointement projets, programmes ou mandats, et organisations.
Il est possible d'engager de suite des modifications de long terme (dénumérisme), en parallèle d’actions moins couteuses ou à effets plus rapides (alternumérisme), pour:
  • 1. politiser : comment remplir nos missions grâce et malgré le numérique tel qu’il est ? quelles marges de manœuvre pour reprendre le couteau du côté du manche ?
  • 2. se réapproprier, [s']émanciper : comment soutenir la démocratie à échelle de 30 ou 50 ans ? comment faire en sorte de remettre les besoins fondamentaux à la source des actions ?
Actions possibles

Je peux imaginer que la lectrice ou lecteur éprouve des émotions contrastées, parmi lesquelles une forme de découragement devant le constat de faibles marges de manœuvre a priori, de la colère devant l’ampleur des effets négatifs (ou la conscience que ce ne sont pas tous des « effets secondaires inattendus »), l’envie de nier des problèmes dont la résolution semble incertaine. J'ai vu au moins :
  • • une perte de sens dans les équipes qui y sont confrontées (doute sur la volonté de la collectivité ou sentiment d’impuissance)
  • • le doute légitime sur la possibilité de maitriser les effets « négatifs » (contraires à la définition locale du bien commun) du numérique.
Pourtant, il existe des pistes concrètes, déjà en partie mises en oeuvre par des collectivités :
  • 1. Améliorer encore la "gouvernance" locale du numérique, en renforçant la place des usagers, des chefs de projet, en voyant le SI comme un commun (yc négatif...) et surtout en mettant la stratégie numérique en correspondance directe avec les politiques publiques.
  • 2. Développer l'Open Source à Mission, pour arrimer les moyens et les fins, en développant la coopération entre collectivités
  • 3. Chaque collectivité actrice centrale d’une facilitation territoriale globale.


Passage à l'action

Merci à tou-te-s les collègues et ami-e-s qui m'ont aidé à construire ces idées et à les mettre en pages, que ce soit par des informations, par des questions, des encouragements ou des partages d'émotions!

N'hésitez pas à commenter, ou à m'écrire xp(point)publique(at)orange.fr

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