Situations spécifiques

On retrouve essentiellement trois critères censés aider à choisir la taille de sa cup :
- l'âge,
- le fait d'être vierge ou non,
- le fait d'avoir accouché par voie basse ou non
.
Sur cette page, nous allons essayer de voir pourquoi ces critères sont donnés, et si on ne peut pas aller un peu plus loin pour savoir sur quoi se baser précisément pour que ce soit vraiment pertinent.

CUP APRÈS UN ACCOUCHEMENT, APRÈS 30 ANS ?

Les fabricants prennent très souvent comme critères principaux de choix de la taille d'une coupe menstruelle l'âge et le fait d'avoir déjà accouché ou non.

Ces critères se basent en fait sur l'aspect du vagin et surtout sur la tonicité des muscles qui l'entourent, les muscles pelviens, encore appelés le périnée. Ce sont eux vont permettre de maintenir la cup à sa place. Ils ont évidemment bien d'autres fonctions comme celle de maintenir les organes du ventre à leur place, influencent le plaisir sexuel, le fait de pouvoir retenir une envie d'uriner...
Ces muscles peuvent perdre du tonus avec l'âge, et vont être très sollicités voire abîmés lors d'une grossesse et d'un accouchement, notamment s'il se fait par voie basse (ce qui conduit ensuite très souvent à une nécessité de faire une "rééducation du périnée" pour aider ces muscles à se reconstruire).
Dans tous les cas, l'utilisation d'une cup n'est pas possible juste après un accouchement. Les saignements post-nataux ne peuvent pas être recueillis par une protection interne, en raison du risque infectieux. Il faudra donc attendre le retour de couches, mais aussi plus généralement que le vagin se soit bien remis de l'accouchement, pour envisager l'utilisation d'une coupe menstruelle (ou d'une autre protection interne).

Une fois bien cicatrisée, ni épisiotomie ni déchirure ne devrait plus gêner l'utilisation d'une coupe menstruelle. La cicatrice ne devrait provoquer aucun inconfort ou douleur lors des manipulations d'insertion et de retrait de la coupe. Toutefois, si la cup venait à appuyer sur un point trop sensible, alors il serait possible de se tourner vers un modèle plus souple, avec un bourrelet plus fin (voire sans bourrelet du tout) pour limiter ces désagréments.

Ces critères sont-ils vraiment pertinents ?
Certes, l'âge va entraîner une diminution du tonus musculaire chez tous les êtres humains. Pour autant, la limite fixée à 30 ans par la plupart des fabricants s'avère insuffisante pour choisir sa taille de cup.
> Une personne très sportive de 35 ans, dont le plancher pelvien est très musclé, trouve peut-être plus de confort avec une cup de taille 1.
> Une personne de petit gabarit, même après 30 ans ou après un accouchement, peut continuer à utiliser sa cup de taille A si elle la trouve toujours adaptée.
> A l'inverse, une personne de 20 ans qui n'a jamais accouché, mais qui a des règles très abondantes, peut évidemment se tourner vers une grande taille afin de gagner en capacité.

Par contre, dans le cas où une personne a, après un ou plusieurs accouchement(s), ou pour d'autres raisons, un périnée plutôt relâché, alors il peut être intéressant de se tourner vers une coupe de grande taille, et plutôt souple, afin qu'elle sollicite au minimum les muscles pelviens. Elle reposera directement contre les parois du vagin, et comme elle sera plus large, il n'y aura pas besoin que les muscles "travaillent" beaucoup pour qu'elle reste en place.

Pour estimer - de manière un peu rudimentaire mais simple - l'état de son périnée, il est possible d'insérer un doigt dans son vagin et de contracter ses muscles autour de ce doigt pour essayer de le serrer le plus fort possible. Pour ce faire, on peut par exemple s'accroupir ou le faire en étant couché-e ou assis-e.
Si on peut sentir une pression nette qui s'exerce sur son doigt, alors c'est que les muscles du périnée sont assez toniques.
On peut si besoin insérer un deuxième doigt pour percevoir les contractions musculaires. Dans ce cas, il est probable que le périnée est plus relâché.
De plus, si on constate régulièrement des fuites urinaires (par exemple à l'effort, quand on rit ou quand on tousse), un inconfort au quotidien, et qu'on n'arrive pas à contracter ces muscles, il est conseillé d'en parler avec un-e sage-femme ou médecin, qui pourra proposer une rééducation adaptée.

Conclusion ?

Plutôt que d'âge ou d'accouchement par voie basse, on est bien ici en train de parler de l'état du périnée. Avoir estimé soi-même s'il est plutôt tonique ou relâché donnera une indication du type de cup vers lequel se tourner, plutôt rigide ou plutôt souple.


CUP ET VIRGINITÉ

Pour info ! Un encadré en bas de la page résume les éléments principaux de cette section : PAR ICI
CW : mention de pratiques sexuelles et des représentations genrées dans la sexualité

Certains fabricants font des distinctions sur le choix de la taille de la cup en fonction notamment de l'activité sexuelle.
On trouve ainsi des modèles "taille 0" de plus petite taille, recommandés pour les "jeunes filles vierges".
Certaines questions peuvent aussi se poser quand on se préoccupe de l'état de son hymen ou qu'on se demande s'il y a un lien ou pas entre la virginité et le port d'un tampon ou d'une cup.

Cette section est là pour clarifier ces éléments et, on l'espère, venir lever certaines confusions qui sont très souvent faites dans le langage courant, ainsi que certains préjugés et représentations largement répandues dans notre société. Ce, dans l'idée de pouvoir se poser les bonnes questions au moment de choisir sa cup, et aussi lever certaines inquiétudes, mieux comprendre ce qui se passe dans son corps, voire même pouvoir se déculpabiliser un peu.

D'abord, on peut s'interroger un instant sur : qu'est-ce que la virginité ?
Dans notre société on considère qu'une personne est vierge tant qu'elle n'a pas eu de "rapport sexuel". Alors on peut déjà se demander, pour soi-même : un rapport sexuel, pour moi, c'est quoi exactement ?
Si chaque personne qui lit cette page donnait sa réponse, on aurait sans doute des choses très différentes.
Dans notre société très centrée sur l'hétérosexualité et sur le plaisir masculin, on fait généralement le raccourci que "faire sa première fois", c'est expérimenter une pénétration entre un vagin et un pénis.

Si on suit cette définition, alors deux personnes ayant un vagin qui auraient un "rapport sexuel" ensemble... seraient toujours vierges après ! Et ce n'est qu'un exemple que cette définition de la virginité est loin d'être vraie pour tout le monde.

La virginité est un concept social, c'est-à-dire qu'on va considérer, dans notre société que certaines activités constituent "un rapport sexuel", et d'autres non. Mais en fait, c'est bien à chaque personne individuellement de se dire "j'ai eu un rapport sexuel ou pas, donc je suis toujours vierge ou pas, selon ce qui s'est produit", selon ce qu'elle décide pour elle-même.
Et cette distinction ne sera sans doute pas au même endroit pour tout le monde ! D'ailleurs, on s'en fiche bien, au fond !

Mais alors quel rapport avec la cup ?
Quand on parle de l'utilisation d'une cup, on va donc partir du principe que l'activité sexuelle est bien trop mal définie et floue pour être un bon critère, et que la virginité n'entre pas en jeu dans le choix de sa cup. PAR CONTRE, d'autres facteurs sont sous-entendus par cette notion de virginité. Et ils peuvent, eux, être pris en compte de manière pertinente.
Il est important de les distinguer et de les considérer séparément ! On pourra ensuite se référer à la page sur l'insertion pour quelques conseils techniques dans les situations ci-dessous.
On va en développer deux critères principaux ici :

L'AISANCE AVEC SON CORPS

Utiliser une cup peut nécessiter de mettre un ou plusieurs doigts dans son vagin, de bidouiller, d'avoir quelques difficultés à aller la récupérer pour la retirer, etc.
Certaines personnes ne sont pas à l'aise pour faire ça, ou bien ont d'autres facteurs qui les limitent ou causent des douleurs. Il n'y a évidemment aucune honte à avoir, ni aucun problème à cela.

Mais le fait d'avoir eu un rapport sexuel ou non n'influe pas forcément sur cette aisance.
Des personnes peuvent être à l'aise alors qu'elles n'ont jamais eu de rapport, pénétration ou pas, d'autres peuvent en avoir eu, mais pas pour autant être à l'aise. Et c'est OK dans tous les cas !
Le plus important est de s'écouter et ne pas se forcer.

Ce n'est pas parce qu'on a déjà vécu une pénétration dans un contexte sexuel ou autre (médical, exploration de son corps...) qu'on est tout d'un coup toujours dispo pour une pénétration X ou Y. Ça fait partie des représentations très ancrées et qui viennent justifier beaucoup de violences, notamment médicales, sur les corps des personnes ayant un vagin.
On a donc tout à gagner à remettre ces représentations en cause et à se demander honnêtement, de soi à soi, si on a envie d'essayer d'utiliser une cup ou pas.

L'hymen, c'est quoi ?
C'est une petite membrane de muqueuse (comme à l'intérieur du vagin ou des joues), une petite peau fine qui n'a pas de fonction précise.
Elle se trouve à l'entrée du vagin, qu'elle ferme en partie, mais elle est toujours plus ou moins ouverte : les règles et les pertes blanches doivent pouvoir s'écouler au moment de la puberté (sinon c'est un problème médical).
Il y a différentes formes d'hymens, plus ou moins ouverts. On trouve des schémas assez facilement sur internet.
D'ailleurs, par curiosité, il est possible soi-même de regarder sa vulve avec un miroir et on peut voir son hymen à l'entrée du vagin.

Cette petite membrane n'est pas beaucoup vascularisée (il y a peu de sang qui circule à l'intérieur), et surtout elle ne contient pas de nerfs (donc elle n'est pas sensible à la douleur). Elle peut être plus ou moins souple et fine selon les personnes.
Et surtout : un certain nombre de personnes naissent sans hymen du tout !
Ce qui n'est pas grave puisqu'il ne sert pas à grand-chose. (Et ça ne veut pas non plus dire qu'elles ne sont pas vierges par rapport aux autres !)

Au cours de la vie, cette petite peau peut s'élargir et parfois se "déchirer", c'est-à-dire être enlevée complètement ou presque. Cela peut se produire en mettant un tampon, en faisant de la gym, du vélo ou du cheval, ou encore en insérant dans le vagin un ou des doigt(s)/un objet/un pénis...
Parfois un petit saignement se produit, mais ce n'est normalement pas douloureux puisque la membrane elle-même n'est pas sensible.

La douleur qui peut être ressentie lors d'une pénétration viendra plus souvent du fait :
1) qu'on a peur d'avoir mal (!!)
2) qu'on n'a pas été suffisamment préparé-e à cette pénétration : stress, manque de lubrification...
3) que l'hymen se tend sans s'assouplir ou se décrocher, et donc va tirer sur les parois du vagin, où il est accroché, et c'est elles qui vont "avoir mal", comme si on les pinçait.
Dans tous les cas il est important de ne pas forcer si on sent que la douleur est trop forte, et consulter un-e médecin si ça persiste, pour éventuellement envisager de retirer la partie trop épaisse de l'hymen dans des conditions médicales, sans douleur.

Notre société, qui fait peser un poids très important à la virginité des femmes (par rapport à celle des hommes), a cherché des moyens de "savoir" si une femme était vierge ou pas (dans le sens qu'on a énoncé plus haut). On s'est dit que l'hymen pouvait être un indicateur de cela.
Sauf que c'est faux, avec les informations ci-dessus, ça paraît plutôt clair. Un-e médecin ne pourra donc jamais dire si une personne est vierge ou pas en regardant son hymen. Il/elle pourra juste dire "je vois un hymen de telle forme" ou "je ne vois pas d'hymen".
Ce sera simplement un constat ce jour-là de l'état de l'hymen de la personne, sans valeur médicale et qui ne donne pas d'informations sur son activité sexuelle.

Donc pour revenir à nos moutons : qu'est-ce que ça change pour utiliser une cup ?
  • Un hymen assez fermé et/ou épais pourrait rendre compliquée l'insertion d'une cup.
  • Comme dit plus haut, une consultation chez un-e médecin ou sage-femme pourrait permettre d'éviter d'autres désagréaments à l'avenir, sans douleur. Sinon, des techniques "DIY" existent, avec des témoignages qui se trouvent en ligne, mais en prenant évidemment les précautions qui s'imposent !
  • Enfin, il peut dans ce cas être intéressant de se tourner vers les fameuses cups "mini" ou "ado", taille 0 ou XS, en comparant tout de même les dimensions car il n'y a pas de standard entre les marques (par exemple une marque en taille 1 pourra correspondre à la taille 0 d'une autre marque)

  • Pour les personnes qui auraient une pression de l'entourage, voire un risque de violences en cas d'hymen endommagé, alors l'utilisation d'une cup est déconseillée, comme pour toute protection interne. Un rapide rappel que ces pratiques sont aujourd'hui interdites en France (notamment les certificats de viriginité) et qu'il s'agit de violences à l'égard d'une personne que de la forcer à subir un examen gynécologique non désiré, et/ou de la menacer de violences ou d'expulsion du foyer. Des associations et structures d'écoute et d'accompagnement existent, comme le Planning Familial, pour aider à trouver des solutions adaptées si besoin.

Pour plus d'informations sur le "lien" entre hymen et virginité : article de Martin Winckler, médecin engagé.

Dernières remarques :
Pourquoi est-il si important de faire la distinction hymen/virginité même dans le langage courant, même quand on "sait" que ce n'est pas tout à fait la même chose ?

De nombreuses personnes, des jeunes mais pas uniquement, pensent que "mettre un tampon, ça dévierge" ; "si je n'ai pas d'hymen, je ne suis pas vierge"... Certaines cultures, mais aussi nos représentations en général, font peser un poids extrêmement important sur cet hymen qui n'est utilisé que comme un outil de contrôle du corps des femmes et de manière générale sur toute personne ayant un vagin. Alors qu'on ne s'intéresse pas ainsi à la virginité des personnes ayant un pénis. Et cela peut mener des personnes à subir des violences, à avoir des pratiques à risques ou qu'elles ne souhaitent pas, à ne pas pouvoir utiliser la protection menstruelle qu'elles souhaiteraient, par méconnaissance et parfois sous la menace.

Et comme on l'a dit plus haut, cela réduit aussi un "rapport sexuel" à la seule pénétration entre un vagin et un pénis.
Ça correspond tout à fait à l'injonction d'une sexualité hétérosexuelle avec pénétration vaginale obligatoire à chaque rapport (sinon, ce n'en est "pas vraiment un").
Mais ça peut finalement nuire à une sexualité épanouie, sans pression et sans douleur !


Nous nous intéressons ici aux aspects techniques de l'utilisation d'une cup, alors que retenir de tout ça ?

Il est primordial pour toute personne de s'écouter, de ne tester la coupe menstruelle que si elle en a réellement envie. Comme pour les tampons, on peut ressentir une certaine pression sociale à utiliser des protections internes, mais rien n'y oblige ! Il existe même aujourd'hui des maillots de bain menstruels.

Être déjà parti-e à la découverte de son corps, avoir déjà exploré son vagin, utilisé des tampons, utilisé un sextoy, expérimenté une pénétration avec un pénis... tout cela constitue des éléments non-nécessaires à l'utilisation d'une cup. Certaines personnes utilisent sans problème leur cup sans avoir jamais repéré où était leur col de l'utérus.
Cependant, si l'idée ou le fait de mettre un doigt ou deux dans son vagin est très dérangeant ou douloureux, il vaudra peut-être mieux ne pas tenter l'expérience.

Enfin, concernant l'hymen, s'il est présent, il ne sera pas impacté par des protections externes qui peuvent donc être un meilleur choix pour une personne que cela préoccupe particulièrement. Les serviettes lavables ou les culottes de règles peuvent être de très bonnes alternatives confortables, pour limiter ses déchets et les risques pour le corps.